La socialisation du chiot

La socialisation du chiot

partie 2

par Karole Martoglio

Afin de poursuivre l’intégration de votre chiot dans son nouvel environnement,

voici le gros morceau : la socialisation.



Cela consiste à faire découvrir à votre chiot un large éventail de personnes, animaux, objets, lieux, bruits, textures, situations diverses auxquels il sera confronté durant son existence.

C’est une sorte de vaccin comportemental ! Et tout comme un vaccin, il ne s’agit pas de rendre malade mais juste de sensibiliser le chiot à différents stimuli pour qu’il apprenne à s’y ajuster.


Il est donc important d’aller au rythme du chiot, au risque de trop le sensibiliser et d’obtenir le résultat inverse :

un traumatisme qu’il sera difficile de lui faire oublier.

C’est pour cela que j’utilise le terme « découvrir ».

Chaque chiot est unique et devra découvrir à son propre rythme. Certains seront plus timides que d'autres, ce n'est pas grave, il ne s'agit pas d'une compétition ! Certains chiens auront besoin de moins d'expériences pour être familier d’une situation, d'autres auront besoin de davantage de rencontres.


Apprendre à observer son environnement


Mettre son chiot au contact de diverses personnes ou animaux ne signifie pas qu’il doit se faire tripatouiller par tous les passants et se retrouver d’un seul coup au milieu d’une dizaine de chiens qui courent dans tous les sens. Il doit déjà pouvoir observer à distance. Et notre rôle, est d’observer les réactions de notre chien.

Si on remarque qu’il n’est pas très à l’aise, on ne va pas le forcer à aller au contact. On va attendre qu’il prenne confiance. Cela peut se faire en cinq minutes ou en cinq jours. S’il est hésitant, on peut l’encourager, mais s’il cherche à fuir on va s’écarter calmement pour l’éloigner de ce qui lui fait peur. On fera une autre tentative à une autre occasion.

C’est une manière de travailler le lien qui nous unit au chiot.


La confiance va s’instaurer car il comprend que l’on est à son écoute. Cela ne signifie pas qu’il faille faire marche arrière dès que le chiot a peur. Il faut juste prendre en compte ses émotions et travailler sur cette situation de manière plus progressive.

Vous êtes son guide. Il va calquer son attitude sur la vôtre. Maîtrisez vos émotions ! Plus vous aurez une attitude neutre, plus il devra décider par lui-même, sans être influencé par votre comportement. Si vous avez peur pour lui, vous pensez qu’il aura du mal à gérer un trop plein de stimuli, anticipez. Changez de chemin tranquillement avant d’affronter la situation problématique, faites demi-tour ou, en cas d’urgence et très exceptionnellement, prenez-le dans les bras.

Anticiper c’est aussi organiser des rencontres avec des chiens calmes de votre entourage ou demander aux gens que vous rencontrez s’ils pensent que leur chien réagira bien si vous approchez avec le vôtre. Le chiot va aussi apprendre du comportement des autres chiens qu’il rencontre, d’où l’importance qu’il voit davantage de chiens calmes et équilibrés que de chiens excités qui se maîtrisent mal ou uniquement des chiots.


Les accessoires qui vous seront utiles : un harnais ou un collier adapté à sa taille et une longue laisse (au moins 2-3 mètres) car plus elle est longue, plus vous pourrez la détendre en restant à distance du chiot (cela évite de créer des tensions dans certaines situations).

Évitez de lui dire « non » à tout bout de champ ou de tirer sur la laisse dès qu’il s’approche d’un objet ou d’un détritus pour renifler. Plus vous allez lui interdire d’explorer les moindres petites choses, plus il risque plus tard de tirer pour contrer votre action sur la laisse, voire d’ingurgiter tout ce qui passe à portée de gueule avant que vous l’empêchiez de le renifler.

Il suffit simplement de le sortir dans son environnement.

Y aller progressivement. Pas de foule, pas de bruits trop intenses. N’oubliez pas qu’un chien se sert beaucoup de son odorat. S’il reste immobile et qu’il hume l’air ou renifle au sol, il prend des informations, il se renseigne, il est donc dans le processus de découverte.

Concrètement, dès son arrivée, il faut le sortir un peu chaque jour (même si vous avez un jardin, parce qu’en appartement, on est obligé de le sortir !), cinq à dix minutes à la fois. Les premiers temps, vous pouvez juste faire un aller-retour sur le trottoir en face de chez vous et le laisser découvrir à sa guise. S’il a du mal à avancer, ce n’est pas grave, il va découvrir son environnement immédiat. Évitez simplement qu’il soit en contact avec les déjections d’autres animaux tant qu’il n’a pas tous ses vaccins. Ensuite, faites le tour du pâté de maison, puis éloignez-vous au fil du temps. Vous pouvez aussi prendre votre voiture ou le porter avec vous (ça fatigue très vite un jeune chiot) jusqu’à un autre endroit qu’il pourra découvrir.


Premiers pas


Si vous avez l’occasion d’aller dans un espace vert, n’hésitez pas à le lâcher si vous êtes loin de tout danger. Vous êtes son référent, il va vous suivre. Jetez un coup d’œil pour vérifier qu’il ne vous perd pas de vue trop longtemps mais avancez sans rien dire. Si vous avez peur, attachez une ficelle de plusieurs mètres ou une longe très légère, et laissez-le choisir d’explorer ou de vous suivre, ne vous en servez pas pour le forcer à revenir vers vous. Ne le sollicitez pas sans cesse, marchez tout simplement, d’un pas régulier, il vous suivra.

Je suis certaine que vous vous dites : tout ça c’est très bien, mais quand est-ce qu’on commence à l’éduquer ? Et bien vous le faites déjà !

Éduquer un chien, ce n’est pas lui apprendre « assis » « couché » « au pied », c’est instaurer une relation de confiance, un intérêt mutuel, qui fait que votre chien est attentif à vous, aime être en votre compagnie et surtout vous fait confiance pour lui montrer ce qui est bien pour lui. Quand vous lui apprendrez quelque chose calmement et gentiment, en le récompensant, il sera disposé à répondre à vos demandes.

Pour lui apprendre les ordres de base, je vous renvoie aux fiches d’éducation créées à cet effet.


Mordillements


Certains propriétaires sont excédés par les mordillements du chiot. C’est désagréable, mais c’est un comportement normal. Inutile de s’énerver ou de punir, cessez simplement toute interaction avec le chiot. Vous pouvez détourner ce comportement en lui proposant des jouets durs sur lesquels il pourra se faire les dents. Bien gérée, cette période ne dure que quelques semaines. Pour plus de détails, un petit article sur ce sujet : mon chiot me mordille.


Solitude et frustration


Le chiot doit apprendre à rester seul. Tout d’abord en le laissant dans une pièce quand vous êtes dans une autre, puis plus tard en sortant de chez vous. Il faut rester le plus neutre possible, ce n’est pas un événement particulier, vous sortez, vous rentrez, vous sortez…. Si vous n’y mettez pas d’émotion particulière, le chien trouvera qu’il s’agit d’un comportement normal. Augmentez progressivement la durée de vos absences (sans passer de deux minutes à 4 heures la même journée si possible !)

La frustration peut conduire le chien à des comportements très gênants. Il est donc important qu’il puisse gérer ses émotions. Il vous voit préparer sa gamelle ? Mettez-la de côté une minute ou deux en faisant autre chose puis donnez-la-lui. Avant qu’il n’apprenne à s’exciter quand vous prenez sa laisse, mettez-lui son collier, asseyez-vous 30 secondes, mettez vos chaussures, ouvrez un magazine, prenez la laisse, consultez votre téléphone, puis sortez.


De manière générale, l’écoute mutuelle sera le socle de votre relation. Il est important de le laisser avoir sa vie de chien, cela vous permettra de profiter de la présence d’un formidable


Auteur du blog Sharpei Attitude, Carole Martoglio s’intéresse au comportement du chien et à la relation privilégiée qui unit l’humain et le chien. Comportementaliste et éducateur canin, sa race de prédilection est le shar-peï.